Je devine que la plupart d’entre vous qui lisez Morris House: Backstage sont des étudiants – c’est la raison pour laquelle dans le passé je me suis abstenue de joindre un commentaire au blog—jusqu’à aujourd’hui. Vous m’entendez radoter déjà tellement souvent en classe, et alors ai-je vraiment besoin de vous punir davantage en vous infligeant un blog?
Oui, il le faut. Oui. Aujourd’hui, j’ai vraiment besoin de rompre avec la tradition, si ce n’est que pour partager avec vous le genre de discussion intéressante que j’ai parfois avec les écrivains après leurs causeries sur le campus. Michèle Plomer et Anne Fortier, qui ont fait une présentation dans le cadre “Morris House Reading Series,” sont deux des plus charmantes et pétillantes écrivaines qui nous aient rendu visite à ce jour. Comme la discussion au cours du souper en a fait foi, elles sont également dynamiques et allumées en conversation.
Et tout a commencé avec … la braguette.
Attendez—je m’avance un peu trop vite. Cela a réellement commencé quand j’ai amorcé une conversation liée au féminisme (cela ne surprend aucun étudiant qui a dû m’endurer pendant tout un cours. C’est un peu comme reconnaître que le ciel est bleu). Nous étions au pub The Lion. Oui, c’est vrai: nous sommes passées de féminisme aux braguettes tout en buvant des liqueurs douces et en mangeant la sorte de nourriture telle qu’on est seulement en mesure d’en trouver au pub The Lion. Et oui, nous n’avons pas commandé de bière. Alors nous ne pouvons donc pas placer la responsabilité de la conversation qui s’en est suivie sur le compte des effets de l’alcool.
Lorsque j’ai abordé le sujet du féminisme, Plomer a passé la remarque qu’en fait, quels que soient les défis contemporains avec lesquels la femme doit composer dans la société Nord-Américaine, la meilleure époque pour la femme est indéniablement la nôtre. La femme ne l’a jamais eu si belle (bien qu’il y aurait encore place à amélioration). Fortier s’était absentée quelques instants et est revenue à ce moment-là. Fidèle à son style bien à elle, elle a passé le commentaire qu’il fut un temps où la mode pour la femme était si contraignante et inconfortable : à preuve, les corsets serrés et couche par-dessus couche de vêtements qui rendraient difficile de se déplacer avec un minimum d’aisance. Quoi qu’on puisse penser des talons hauts (je les adore! Ai-je dit cela tout haut?) et d’autres items de la mode courante, elle a ajouté, nous avons fait tout un bout de chemin les filles!
J’ai acquiescé, mais j’y ai réfléchi quelques instants avant d’ajouter sur un ton enjoué qu’à mon avis plus d’hommes devraient considérer porter des talons hauts. Après tout, ils font une très belle jambe à celui ou à celle qui en porte. Et, n’y eut-il pas une époque en Angleterre au dix-huitième siècle où les hommes portaient des talons hauts? Des perruques poudrées? Un peu de rouge à joues? Très chic. Quel dommage que les hommes soient si restreints dans leur choix de mode aujourd’hui.
C’est à ce moment-là que la recherche que Fortier effectue pour son roman Juliet a fait surface d’une manière on ne peut plus fascinante: les braguettes. Elle a expliqué (si je me rappelle bien) que les Anglais aux quinzième et seizième siècles étaient obligés de porter des braguettes, puisque leurs bas ne montaient pas plus haut qu’à la hauteur des organes génitaux, et leurs pourpoints ou justaucorps devenaient de plus en plus courts—un peu comme la mini-jupe des années soixante. De belles jambes, en effet.
Si, toutefois, la femme des années soixante portait en fait des sous-vêtements sous sa mini-jupe, notre homme de la Renaissance quant à lui ne portait rien sous son justaucorps. Il y avait par conséquent un risque accrû de—comment dirais-je?—un risque accrû de découvrir les bijoux de la couronne. L’équivalent réel dans les années soixante, alors, serait le décolleté de la femme, avec des risques semblables si elle avait brûlé sa brassière lors de manifestations.
Et ceci m’amène à la braguette—le truc inventé pour couvrir les parties génitales de l’homme au moment où le justaucorps est devenu … beaucoup moins coûteux en termes de quantité d’étoffe utilisée. Fortier a fait remarquer que leur costume était pas mal pratique: ils pouvaient se soulager sans se donner tout le mal de se déshabiller. Néanmoins, ils avaient besoin de quelque chose pour protéger leurs parties antérieures étant donné qu’ils montaient à cheval et s’adonnaient à d’autres activités martiales.
Ainsi la braguette est née. Mais, après son entrée, elle est devenue de plus en plus décorée, et, quelle surprise, a pris de plus en plus d’importance pour suggérer, bien sûr, l’importance de la taille de la partie du corps même qu’elle protégeait. Fortier et Plomer ont été, soit dit en passant, tout aussi charmantes au cours de leur présentation. Nous avons en main la vidéo de leur « causerie ». Vous ne serez pas déçus en entendant ce qu’elles avaient à dire—même si elles n’ont pas parlé de braguettes.