Il y a quelques jours, Monica Lewinsky s’est finalement et publiquement adressée à un auditoire dans le cadre d’un Ted Talk, au cours duquel elle a analysé sa liaison avec Clinton et les conséquences désastreuses qui résultèrent de cette liaison—et, dans son cas, plus que pour Clinton. J’ai mis le lien de son discours sur ma page de Facebook, parce que sa confession m’a tellement émue: tout ce avec quoi elle a été aux prises quand les médias se sont emparés de l’histoire et les critiques sévères qui s’ensuivirent. Une de mes connaissances sur Facebook, une poétesse, a répondu. Pour elle, Lewinksy savait exactement ce qu’elle faisait. Elle est d’avis qu’elle cherchait l’attention qu’elle a subséquemment reçue, et, qu’en conséquence, elle méritait tout ce qui lui est arrivé par la suite. Sa carrière comme personnage public fut donc lancée, selon cette poétesse; il en découle donc que Lewinksy ne mérite en aucune façon notre sympathie.
Quant à moi, il se peut que je sois en désaccord avec cette perspective—Lewinksy avait vingt-deux ans à cette époque. Or, j’estime que je connais relativement bien ce groupe d’âge puisque j’enseigne à des étudiants de niveau universitaire depuis plusieurs années. Voilà pourquoi je crois que Lewinsky n’a probablement pas réfléchi à toutes les conséquences et ramifications de sa liaison avec Clinton. Tout en étant impressionnée par l’homme qui était Clinton, elle s’est probablement sentie flattée d’être dans sa mire. Bien sûr, c’est également possible qu’elle n’ait pas été séduite exclusivement par tout ce que cette liaison pourrait lui apporter, mais tout simplement par un homme charmant.
Mais je trouve la question à savoir, si oui ou non, Lewinsky s’est avérée machiavélique, c’est-à-dire une femme caractérisée par sa ruse et ses manigances, et se servant de sa jeunesse et de sa sexualité pour atteindre ses objectifs—je trouve celle-ci moins intéressante comparé à tout ce qu’elle est en train de faire avec son « pouvoir » maintenant. Une jeune fille peut commettre une erreur de jugement au même titre qu’un adulte peut également en commettre: nous en commettons tous régulièrement. Mais c’est une toute autre chose de choisir d’utiliser cette erreur de jugement pour mettre en lumière une réalité qui devient de plus en plus importante: le taxage par internet.
Mon amie, la poétesse, peut argumenter que c’est juste une autre forme de narcissisme. Mais, est-ce qu’il y a une meilleure façon d’utiliser les feux des médias? Si elle ne pensait qu’à elle-même à ce moment-là dans sa jeunesse, c’est cependant clair que, comme adulte maintenant, elle utilise cette attention médiatique pour une question plus importante. Quand je me mets à écrire en prévision d’un cours que je voudrais enseigner, et à articuler les idées que j’aimerais soumettre dans mes publications, je sais fort bien que les idées sont plus importantes que ma propre personne et plus importantes que ce que je suis en train de faire et de vivre dans ma vie personnelle. Dans mon travail, je me préoccupe généralement de questions de justice, d’éthique, et de féminisme. D’habitude, ce n’est ni une question d’amour-propre, ni d’être imbu de soi-même—mais moi, comme tout autre être humain, j’ai mes faiblesses, et mon amour-propre dresse parfois sa tête hideuse.
Mais, dans le cas de Lewinsky, qu’en est-il? Est-ce qu’elle était ambitieuse? Est-ce qu’elle était en quête d’attention? Ou est-ce qu’elle a tout simplement été naïve? Peut-être. Finalement, en bout de course, il est peu important de quel côté on se place au sujet de sa liaison avec Clinton. Quoi qu’on puisse dire au sujet de Lewinsky, personne ne peut nier qu’elle embrasse maintenant une perspective qui est plus importante que son amour-propre: elle dénonce publiquement une forme de cruauté et un manque de compassion qui caractérise les communications par internet, qui, trop souvent, blessent nombre de jeunes par leur cruauté. Finalement, en bout de course, quoi qu’on puisse dire au sujet de Lewinsky, je crois qu’il est incontestable qu’elle est en train d’utiliser l’attention qu’on lui accorde pour mettre en lumière une cause qui le mérite.